Queyras-Clapeyto "Casqu'Croute" Voie 110m/ ABO+

15 Aug

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Categories: France, Nouveautés, Queyras

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CASQU’CROUTE

Après l’ouverture de Chloégraphie , voici dans ce même mur une nouvelle ouverture par le haut en 2021.

Nouvelle voie à Clapeyto en souvenir de Yoan Demion, collègue de travail et copain, décédé l’été 2017 en parapente.

Article Arnaud Ceintre

ref Topo « Escalade en Queyras Pays du Viso » Sylvain Pusnel ; Guillaume et Etienne Vallot

Clapeyto Pic de « Beaudouis » Face sud Est dans le secteur crête de l’Alpalier

Casqu’Croute Voie Abo+ / 110M /

Rapel de 60m / 14 dégaines

Face Sud-est à l’ombre à partir de 14h

 Le chantier a commencé en juillet et c’est poursuivi en août.

Ouvrir dans le Queyras est très complexe car les couches géologiques sont très nombreuses et très différentes…

Tête des Toillies

Pra Premier

C’est dans un calcaire feuilleté type crétacé que je décide de lancer ma corde statique. La ligne est pure, en léger dévers vertical, voire par endroit en dalle. Le rocher est très sculpté, bien fourni en prises, mais le fait que ce calcaire soit tendre le rend à la fois fragile et compact.

Falaise des Beaudouis

Il aura fallu plusieurs passages dans la voie pour que la ligne soit bien épurée, je m’excuse déjà auprès des premiers répétiteurs qui auront peut-être la désagreable surprise d’avoir des prises qui se cassent et leur restent dans les mains malgré le nettoyage effectué.

La voie est entièrement équipée sur relais chaines et goujons de L 10 sur D 10.

Elle comporte 4 longueurs et la descente se fait en 2 ou 3 rappels.
C ‘est avec Nicolas qui m’accompagne ce 1er jour d’ouverture que nous prenons la direction de la passe qui nous emmène en haut de la face d’où l’on pourra jeter le rappel. Il faut déja faire attention car nous devons passer dans un couloir d’assiettes rocheuses et le moindre faux pas peut nous précipiter directement dans le précipice 100m plus bas.

Une fois atteint le sommet de la face, j’ installe le relais N°4 et je descends dans la voie ou j’installe des points de renvoi. Travail délicat car il faut déterminer où l’on veut que la voie passe et où l’on va grimper.

Il faudra deux jours pour tracer la voie dans son ensemble. Elle aura quatre longueurs avec le socle.

 

Deux Marmottes au aguets

Troisième jour.
Je reviens 1 mois plus tard et c’est tout seul que je reprends le chemin effrayant de la passe direction le haut de la face, avec comme objectif d’équiper la voie dans son intégralité avec les relais chaines et tous les points définitfs.
Travail encore plus délicat car maintenant il faut fixer tous les points de sécurité et donc prendre le temps de décider où on va mettre ses points : quand on équipe du haut il faut considérer la voie dans son ensemble et anticiper où on va grimper.
Quand on perce pour mettre son point, il faut anticiper l’emplacement du prochain point vers le bas en fonction du point précédent au-dessus.
Une multitude d’informations sont à prendre en compte comme l’exposition, l’engagement, les prises pour mettre sa dégaine, les prises pour grimper, quel niveau on envisage pour la voie… parfois on a le choix pour toutes ces questions, mais d’autres fois c’est le rocher qui dicte ses choix, alors la voie se dessine petit à petit au fur et à mesure que l’on descend en fixant les points d’assurage et les relais.

A la fin de la journée j’ai équipé définitivement les 2/3 de la voie, je suis fatigué mais assez satisfait d’avoir trouvé une ligne dans cette face si fragile et si compacte.

Mais il en reste encore 1/3 et c’est avec mon cousin que je finirai l’ouverture.

Au Sommet de la passe, vue sur les chalets de Clapeyto

Pour la 4ième journée, on prend de nouveau la direction de la passe et du haut de la voie, dans le but de finir l’ouverture et retirer la statique que j’ai mise en place il y a 1 mois.

Couloir de descente de la passe

Mais cette journée ne va pas se dérouler comme prévu. Je pensais avoir 4 points à poser pour me retouver sur le socle qui fait comme une sorte de terrasse, la traverser puis ensuite mettre 2 points pour atteindre le bas de la voie.
C’était sans compter la qualité du rocher qui depuis le début il faut l’avouer et très friable.
Finalement je trouve des veines compactes où je peux grimper et mettre mes points de sécurité mais quand j’ arrive enfin sur le bord du socle, sous ce gros ventre, et que j’essaie de le franchir il me repousse car la roche est instable. Il est déjà tard dans l’après-midi et je comprends qu’ il me faudra une journée supplémentaire pour terminer l’ouverture, car ce socle ne va pas se laisser apprivoiser si facilement.

R4

R4

L4

L4

Rapel 60m

R3

R3

Traversé du socle L1

Traversé du socle L1

Les Baudouis

Les Baudouis


J’arrive à installer R1 sous ce gros ventre puis nous descendons en rappel, fin de journée pour nous.
Le 5ieme jour : tête à tête avec le socle. Je compte bien cette fois-ci venir à bout de la voie.
Cette longueur doit être ouverte du bas avec un gros nettoyage car des blocs énormes se trouvent là depuis toujours.
C’est mon cousin François qui m’accompagne aujourd’hui.
Quand j’arrive au pied du socle et que je vois tous ces blocs en équilibre au dessus de nos têtes je me demande comment nous allons passer.
Je me lance en tête et c’est après avoir posé un relais intermédiaire temporaire à mi-longueur pour nous permettre de faire un gros nettoyage de la vire que l’on peut enfin aller chercher le 1er relais « R1″…

…3 ans plus tard….

C’est trois ans plus tard en compagnie de mon ami Guy Gogniat, alias Guitou, que je vais libérer enfin les longueurs.

Guitou

Je ne sais pas bien ce que je vais trouver, j’espère que ce ne sera pas trop dur, alors je me lance. Je parcours le socle en 5c, grimper sur un caillou fragile est très particulier, il faut un certain temps pour s’y faire… Je rejoins R1.

R1 relais suspendu

Les relais sont bons mais suspendus. Je suis en tête, mon ami Guitou m’accompagne et je tiens à le remercier pour sa patience car au final il va passer beaucoup de temps à m’assurer.

Je repars dans la longueur 2, elle commence par un pas de A0 puis ensuite on doit vraiment grimper car il faut aller chercher les points! Et là tout de suite je vois que cela va être dur car j’ai du mal entre les points… et je ferai d’ailleurs du point à point toute la journée!

Arrivé dans R3 je commence à fatiguer, je ne trouve pas la solution et la journée commence à être longue. On est là depuis 9h ce matin et il est 15h, alors après un enième but je décide d’arrêter pour la journée.
De plus, en face Sud Ouest, l’ombre et le froid arrivent vers 14h et mon assureur n’étant pas trop équipé commence à se geler.
Je prends un coup au moral, la voie est dure, il faudra revenir par le haut pour libérer les longueurs.

Trois jours plus tard, il est 8h quand nous arrivons au parking. Comme d’habitude on doit tout d’abord descendre dans le goulet d’accès du haut et arriver au relais R4 de la dernière longueur que l’on rejoint vers 10h.

J’attaque la descente dans la voie pour travailler les mouvements. Cette fois-ci, Guitou s’est confectionné une escarpelette et nous avons pris de quoi tenir toute la journée, vêtements chauds, à boire et à manger.
Ah si j’allais oublier! Nous disposons d’un nouvel outil : le « talwke walke », une pure révélation : quelque chose de comparable au passage de la carte IGN au GPS… et une aide incomparable pour communiquer à distance dans la voie avec son partenaire.

Il me faudra la journée entière pour réussir tous les mouvements de « Casqu’Croute ».

Nous resdescendons vers 18h par un rappel de 60m en fil d’araignée depuis R3.
Encore une grosse journée de boulot mais satisfait de pouvoir enfin côter et donner un nom à cette voie.

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