Les Sables de Fontainebleau
Article: En 3 Parties.
Article de Thierry Guéguen alias Titi
FontaineBleau, Mystérieux bac à sable
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1er Partie
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Il était une fois…
Une légende des confins du pays de Bière raconte qu’en l’an de grâce 1380, la puissance divine des reliques de Saint Mathurin est aussi révérée que l’influence dévorante des sables émouvants dispersés dans tout son fief.
Mathurin de Larchant : Prêtre guérisseur des fous et des possédés sanctifié au Xe siècle
Dorés ou argentés, reconnaissables en surface à leurs ridules aux reflets miroir à la manière d’un flan, ces petits entonnoirs secs, remplis d’air, auraient dit-on englouti sur le tour de la Châsse, à une demi-lieue de la Porte des Sablons, près de l’actuel calvaire des Trois Croix, une procession entière de flagellants, un marchand d’objets pieux, et même un charretier, sa mule et sa charrette.
Le sanctuaire de Larchant au Moyen-âge, la Maladrerie et la chapelle de la Madeleine cernées par les Sables
Tout au long des siècles, les sociétés savantes du royaume de France et particulièrement les dignitaires chanoines, seigneurs érudits de la citadelle ont tenté d’élucider ce tragique et épais mystère.
Si, comme les premiers découvreurs, ils ont d’abord observé sur ces arpents dénudés, des sables fins émoussés-luisants ou ronds et mats pareils à ceux des déserts lointains, aucun n’a pu pleinement les décrire, prédire simplement l’angle à partir duquel un grain seul se met à rouler, ni celui à partir duquel il s’arrête.
Parmi les grands esprits universels, seul le génial Léonard de Vinci, polymathe Italien dans les domaines des Arts et des Sciences (arénophile passionné à ses heures perdues), fut sur place en mesure d’effectuer une démonstration expérimentale simple et claire et put avancer quelques premières remarques pertinentes sur les différences de comportement des sables Bellifontains, sables à grains légers ou à grains plus lourds.
Amis visiteurs, curieux de cette forêt fantastique, ne voyez dans cet abracadabrantesque énigme, ni l’existence de zones surnaturelles aberrantes, ni les méfaits nocturnes des lunatiques Lycanthropes ou autres bêtes fauves des bois de la Commanderie de jadis. Que vos petits anges se réjouissent, il n’y a point de diablerie à cela.
Chacun sait aujourd’hui, Lyricantois ou simple villageois des alentours. Tous s’accordent a dire cet invraisemblable et fascinant phénomène naturel explicable scientifiquement. Dans la nature, dans le cas des sables mouvants des rivages d’estuaire ou des rivières, c’est l’argile et l’eau (éventuellement en plus, le sel en bonne proportion) qui fragilisent les liaisons entre les grains de sable. Alors qu’ici, dans cette vallée sèche creusée par l’érosion ou affleurent les sables et les grès depuis des millions d’années, c’est l’air et la chaleur qui élaborent le mécanisme insidieux. Disséminés par les vents tourbillonnants, les sablons les plus fins et les plus légers s’accumulent parfois en grande quantité et se sédimentent dans les trous et les cavités … ou l’air reste omniprésent. En dirigeant ses pas sur ces croûtes cristallines, faussement solides, le voyageur pantelant finit aspiré par le fond, disparait avalé par les sables qui se dérobent et croulent instantanément sous son poids.
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C’est quoi ce cirque ?
LP : Limons quaternairesG3a : Molasse du Gâtinais G3b : Calcaire de Beauce Fz : Formations modernes et récentes Fx2 : Moyenne terrasse
Extrait de la carte géologique de Fontainebleau
Le Cirque de Larchant, dépression qui comprend le Marais (Réserve Naturelle Régionale, riche et diversifiée sur 123 ha, liée à l’affleurement de la nappe phréatique en surface) et le Gouffre (entonnoir profond drainant les eaux de ruissellement), est délimité à l’ouest par une côte escarpée, anciennes corniches de Grès démantelées descendant du plateau du Gâtinais (dont l’ altitude oscille entre 100m et 145m), extrémité orientale de la grande plaine de Beauce, et ouvert à l’est sur la rivière du Loing, dont un méandre l’a probablement façonné autrefois.
Sa formation géologique a fait l’objet de plusieurs hypothèses :
L’une d’elles suppose que la région a été occupée, à la fin du Stampien (-33,9 à -28,4 Ma), par une très grande dune, la première en bordure des eaux lacustres du Sud. Plus au Nord, d’autres dunes, plus petites, forment aujourd’hui les alignements parallèles de Fontainebleau, larges veines de grès alignées et dirigées Ouest 10° à 15° Nord. Le calcaire de Beauce n’aurait recouvert que d’une mince couche ce sommet dunaire. Un décapage facile par les eaux météoriques aurait provoqué très tôt un régime de ruissellement convergeant vers le fond de la cuvette. Cette inversion du relief est exceptionnelle dans le massif de Fontainebleau.
Référence : Patrimoine géologique de Larchant / d’après les Travaux de Daniel Obert, Médard Théry et Pierre Doignon
Les sables de Fontainebleau, qui occupaient le Cirque de Larchant sur une épaisseur de 50 mètres ont actuellement disparu.Depuis 100 milles ans (Quaternaire période la plus récente) du faits d’une surrection du terrain (soulèvement tectonique à partir de la fin du Stampien), l’érosion s’est appliquée à déblayer vers l’aval ses sables. Retenus à l’ouest par les alignements de grès, Ils ne forment plus que quelques dépôts à l’endroit du marais et sous les Bois de la Commanderie.
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Les Sables de Fontainebleau
Examiner un grain de sable c’est un observer l’infini, l’infiniment petit et l’infiniment grand.
Etonnant comme ces particules étincelantes à la lumiere peuvent être aussi attrayantes !
Roche sédimentaire, dure et translucide (d’origine détritique)
Exclusivement constitués de grains de quartz résultant de l’érosion du Massif Central, principalement meubles et blancs (les plus purs ont une teneur en silice de 99.9%), parfois grésifiés et fossilifères, les sables de Fontainebleau peuvent être colorés en roux par le fer et en violet par le manganèse. Ils peuvent inclure aussi quelques minéraux lourds (rutile, tourmaline, zircon, disthène,…).
Ils présentent différentes formes :
– Environ 2/3 sont brillants avec des arêtes vives ou émoussées et témoignent d’une usure par l’eau (transit fluviatile et dépôt marin durant 8 millions d’années).
– Environ 1/3 sont ronds et mats et témoignent du transport par le vent de sables littoraux dunaires après émersion de la région à l’oligocène supérieur.
La dimension des grains varie de 0,10 mm à 0,5 mm, en moyenne 0,3 mm. Dans toute la forêt de Fontainebleau, la formation apparait homogène et stérile.
Aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi les grains de sable glissent, roulent et bondissent
Un grain seul posé sur un lit de sable, est stable et inerte, mais se met en mouvement dès que les autres grains disparaissent. Plus le grain est rond et lisse, plus il croule facilement. En roulant, glissant voire en bondissant, le grain passe successivement au-dessus des autres grains, puis retombe entrainant une quantité plus importante de particules. Ce mouvement fait qu’au lieu d’accélérer, le grain de sable croule à vitesse constante. Lorsque la pente d’un dépôt est supérieure à la pente d’équilibre, des avalanches de grains de sable se déclenchent. L’angle critique de glissement dépend de la pente mais aussi fortement de la forme des grains. L’air et l’eau agissent comme un lubrifiant mais ne propulsent pas les grains. Tous les grains se passent simultanément et de manière aléatoire les uns au-dessus des autres mais restent étroitement liés les uns aux autres. Ils sont maintenus en mouvement par des forces dispersives dues à leurs multiples collisions. C’est parce que tous les grains de sable restent en contact et donc que chaque grain reste influencé à petite et à grande distance par les autres grains, qu’il est encore aujourd’hui difficile de décrire théoriquement ce mouvement collectif.
Ah, s’il était possible de déplacer un grain de sable sans avoir à remuer tous les autres…
Les Sables de Fontainebleau ne manquent pas de surprendre par leurs propriétés complexes entre solides et liquides.
Sources ou ruissellements de sables
Secs, ils forment naturellement des pentes stables jusqu’à environ 30°, au-delà ils s’écoulent. Si vous faites couler du sable sur un socle d’un bac carré, il va former un cône parfait (une pyramide) avec des pentes de 30°.
Ils se concrétionnent à certains niveaux (surtout au sommet) en grès siliceux, soit imparfaits et poreux, soit entièrement nourris et durs (texture de quartzite de densité 2.7).
L’épaisseur des Sables de Fontainebleau peut atteindre 55 à 60 mètres.
Ils constituent le dernier horizon du Stampien(oligocène supérieur).
Le Stampien, un monde disparu
Fiche signalétique :Stampien(Rupélien aujourd’hui préconisé)
Auteur : Alcide DessalinesD’ORBIGNY (1802 -1857) Naturaliste et Paléontologue (également Géographe Ethnologue Géologue)
Naissance du Stampien : 1852 Le Stampien a été redéfini par H. ALIMEN (1936), G. DENIZOT (1940) et C. CAVELIER (1964, 1968, 1980)
Age géologique : Oligocène inférieur
– S‘étend de-33,9 à -28,4 Millions d’années
Stratotype historique : Paris (banlieue Nord Ouest pour la base), bien que d’Orbigny se limite à en citer les dépôts. La région d’Etampes(Stampae)est la seule localité de référence explicite, pour les sables et le calcaire lacustre terminal.
Le début du Stampien marque le dernier retour de la mer dans le bassin parisien. La mer dépose d’abord des argiles vertes à Cyrènes, des caillasses, des calcaires et des marnes à huîtres. Elle déborde ensuite très largement (transgression) vers l’Est et le Sud en déposant des sables (les Sables de Fontainebleau). A la fin du Stampien, elle abandonne (régression) définitivement le bassin parisien,le nord avant le sud et régresse par la vallée de la Loire (gouttière ligérienne) en laissant subsister des lacs où se déposent des calcaires et des argiles pouvant se transformer en meulières.
1 : extension du Stampien (émersion, progradation, inondation maximale, rétrogradation) 2 (orange) : contours du lac de Beauce d’âge aquitanien
L’épaisseur des dépôts Stampiens est considérable (au total env. 100 m). C’est l’ouverture de carrières ou sablières qui permet d’examiner les affleurements à différentes altitudes des différentes strates. La région d’Etampes permet d’observer plus de 60m de dépôt dont 50m de sables. Les sables de la forêt de Fontainebleau représentent la moitié supérieure de la série sableuse. Le terme « Sables d’Etampes » a longtemps été opposé à celui de « Sables de Fontainebleau » du fait du contenu fossilifère des premiers et complètement azoïque (sans fossiles) des seconds. D’un point de vue lithostratigraphique, le terme « Sables de Fontainebleau » n’est pas réservé à un faciès particulier de sables mais doit être utilisé pour l’ensemble sableux qui a le rang de formation.
Stratigraphie du Stampien au Sud de l’Essonne
Les Sables de Fontainebleau sont remaniés et triés par les vents. Des crêtes dunaires se forment dont une partie sous l’action des montées et des descentes des eaux des nappes phréatiques (importantes précipitations et évaporations liées au climat), se transformera en grès par recristallisation des sels dissous dans l’eau interstitiel. Chaque épisode laisse ainsi sa marque sous forme d’un niveau de grès. Plus tard, la végétation et la faune envahissent la région exondée. Les eaux de ruissellement évacuent les sables, laissant en relief les bancs gréseux résistants.L’affouillement des eaux, le soutirage des sables sous la bordure des platières de grès provoquent la fracturation et l’effondrement de celles-ci donnant naissance aux chaos et éboulis de grès typiques que nous contemplons aujourd’hui.
Référence : Stratotype Stampien – Collection Patrimoine géologique – Edition Biotope
SSSSS
Echelle des Temps géologiques
Evolution de la vie
Imaginons un peu …
Il y a environ 30 millions d’années, dans le sud du bassin de Paris. Le climat chaud, méditerranéen à subtropical, alterne entre saison sèche et saison humide. La température de l’air, humide, avoisine annuellement une moyenne de 20°C. La mer Stampienne, chaude et peu profonde (prof. max à l’emplacement de Paris : env. 60m), s’étale vers le sud de l’Île-de-France, déposant sur le littoral des sables grossiers et des galets.
Les fonds marins sont riches et oxygénés, les nombreux mollusques, planorbes, limnées, gastropodes (Ampullinopsis) ou siréniens, mammifères marins ancêtres du lamantin(Halitherium), indiquent par endroit la présence foisonnante d’herbiers (zostères, posidonies).
Dans le golfe de Larchant actuel, on imagine en bordure des eaux lacustres du sud, un large cordon dunaire littoral,sans cesse en mouvement selon les vents. Sur la large plage sableuse, une tortue marine (Chelonidae)lourde et bombée, se déplace lentement.
Deux grands oiseaux marins au bec long et épais (diomedeoides), sorte de pétrels ou d’albatros, planent. C’est la saison où les jeunes prennent leur envol. Encore maladroits, ils se posent sur l’eau quand soudain, l’un d’eux est happé par un requin tigre (Galeocerdo).
A quelques centaines de mètres en retrait des dunes du littoral, dans un marais entouré de roseaux et lotus (Nymphaea), un « ancêtre » de l’hippopotame (Anthracotherium) se prélasse sous la frondaison de grands cyprès, de platanes et de séquoias.Cette fin d’après-midi s’achève sous un ciel clair, sans nuage. Un vent léger rafraîchit l’air. Deux herbivores primitifs, sans bois ni cornes, qui rappellent les Chevrotains maltais actuels (Plagiolophus, Bachitherium), sortent d’une plaine herbeuse, s’approchent prudemment, se désaltèrent et font quelques allers-et-retours dans l’eau.
Evocation du Paléomilieu Stampien
L’avenir semble radieux pour ces êtres vivants.
Pourtant, depuis les premières formes de vie,
toutes les espèces ont du se transformer pour survivre aux changements environnementaux.
SSSS
Fossiles issus des Sables de Fontainebleau
Gastropodes et bivalves nains (L=5 cm)
Polypes en Calcite miel (L=12 cm)identification incertaine !?
Bivalves cristallisés (L=13 cm)
Terrier fossile attribué au crustacé ThalassinideaCollianassidae
Ce crustacé fouisseur marin, ressemblant à une crevette, se maintenait et circulait dans son terrier à branches, creusé depuis la zone émergeant à marée basse. Il y filtrait l’eau de mer sus-jacente, à partir du courant entrant qu’il provoquait. Les murailles des différentes branches, noueuses à l’extérieur, étaient maçonnées et lissées de l’intérieur par des boulettes de sables agglutinés par sa sécrétion. La morphologie externe en double boulettes ne devient apparente qu’après enlèvement par le vent des sables environnants.
Ces terriers fossiles Ophiomorpha Nodosa forment des réseaux emboités multidirectionnels
Des vestiges de paléosols continentaux sont également présents dans les Sables.
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Moulages ferrugineux de racines ou de rhizomes, concrétions d’oxydes ferriques fossiles, éclats de bois, troncs et souches silicifiés
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Forêt pétrifiée de Taxodiums (types de cyprès et ifs subtropicaux) à Villejust /Saulx
Empreintes fantômes et concrétions mystérieuses
Les tubulures ferrugineuses et les concrétions ferriques, générées sous l’action des eaux d’infiltration, n’ont été étudiées que très récemment (à partir de 1979).
Les moulages ferrugineux sont mis en relief par le vent
Friables, ils disparaissent sous la pression du doigt
Ce sont les restes de sols enfouis du Stampien Supérieur (preuves d’émersions).
Ils sont surtout identifiables par des concentrations d’argiles et de fer ferrique(ocre, rouille) en taches et en manchons autour de racines ou de rhizomes disparus.
Crottes de Fer (appellation bellifontaine ancienne)
Les plantes arbustives identifiées (de type phréatophytes) avaient des racines très longues et pivotantes.
Les racines s’enfonçaient profondément (jusqu’à 5m) dans le sable pour rejoindre la nappe phréatique.
Ces végétations d’interdune devaient être comparables aux buissons d’acacias des zones arides que l’on rencontre aujourd’hui à la périphérie des étendues sableuses désertiques.
Concrétions énigmatiques piégées par les sables
Empreintes sableuses insaisissables
Bonus de la 1er partie
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– Le topo du pignon de Blomont les Roches secteur ombragé situé à l’ouest des Bois de la Commanderie (Larchant)
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Attention : Ce petit chaos peut être considéré comme un « Terrain d’Aventures »
La plupart des blocs ont été brossés succinctement
Certaines descentes moussues ou poussiéreuses sont délicates
La corde est recommandée pour le travail des passages les plus hauts
Les projets (non réalisés) sont évidemment ouverts à toutes et tous
– Quelques photos et une vidéo « Le Bayou »
C’est à Bleau, c’est cadeau !!
SVP : Rapportez tous vos déchets et même un peu plus si vous en trouvez !
Limitez au mieux votre impact sur le milieu
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2eme Partie
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Grésification des Sables
Cimentation Siliceuse « classique »
Selon certaines hypothèses la grésification siliceuse responsable des plus beaux reliefs d’Ile de France aurait affecté les Sables de Fontainebleau par épisodes répétés, au cours du Pliocène terminal et du Quaternaire, créant jusqu’à 4 bancs de grès superposés.
Les lentilles de grès (agrégations de grains de sable) se forment par précipitation de silice dans la zone d’écoulement de la nappe phréatique. D’épaisseurs variables, elles ont des formes allongées en fuseaux, qui évoquent les écoulements de l’eau. L’allongement est en direction de la vallée.
Les lames minces observées au microscope montrent que les grés proviennent de la croissance des grains de sable qu’on dit nourris. C’est l’eau qui circule entre les grains de quartz (pores) qui dépose la silice, jusqu’à ce que le pore se ferme (se bouche) et que l’eau ne puisse plus circuler.
Les Grès montrent parfois localement, en surface, des zones plus ou moins silicifiées qui forment des couches concentriques mamelonnées, en « pelures d’oignon ».
Ces ondulations (rides ou ridules) matérialisent la croissance centrifuge de la roche par adjonction de couches de grès successives d’épaisseur centimétrique.
Altération des Grés
Elle a pour origine le lessivage des sables par les eaux de pluie qui s’infiltrent en surface. Ces eaux sont diluées et relativement enrichies en acides organiques. Cette altération s’accompagne de la mobilisation d’oxydes de fer dans les sols qui se développent sur les platières affleurantes. Ces oxydes de fer sont localement redéposés en profondeur et imprègnent les sables de pigments ocre ou forment des concrétions et plaquages d’oxydes de rouille sur les grès.
La Fontaine Saint-Martin – Recloses
Photosynthèse (ou assimilation chlorophyllienne grâce à la lumière du soleil)
Précipitation, cimentation et dissolution des Grès
Au sommet des blocs, l’eau contenue dans les pores du grès s’évapore et se concentre. La silice précipite et cimente les grains pour former la croûte. Au contraire, sur les flancs des blocs, au contact du sol, l’eau de pluie se charge en silice et s’écoule en emportant cette silice, il y a alors dissolution du grès.
La Fontaine Saint-Martin – Recloses
Grès à morphologie de dissolution
Dissolution des Grès dans la couche de sable
La table rocheuse, en place ou basculée, est creusée en surface de nombreuse alvéoles arrondis, aux parois évidées et contournées en des formes sinueuses ou vermiculaires. Alors que les dalles de grès inférieures se forment, les dalles supérieures, au-dessus du niveau de la nappe phréatique, sont soumises aux infiltrations des eaux de pluie qui conduisent à la dissolution de la silice et à l’altération de la partie supérieure des sables.
Cimentation Calcaire « calcitique ou carbonnatée »
La grésification des sables par un ciment calcaire (phénomène inhabituel longtemps négligé) daterait selon certaines études récentes de la fin du Quaternaire. Les eaux infiltration chargées en carbonate de chaux auraient modifié le ciment siliceux du grès en ciment calcaire.
Ces nodules millimétriques à centimétriques, carbonatés rappelant des tètes de clous, sont soudés au sommet des dalles de Grès siliceux. Les eaux d’infiltration chargées en carbonate de chaux ont modifié le ciment du grès en ciment calcaire.
Ces formations globuleuses (caviars ou grappes de grès), sous ou adhérentes à la table de grès sont en fait des « fronts de grésification ». Toutes les cimentations calcitiques apparaissent indépendamment de la cimentation siliceuse à l’origine des Grès classiques de Fontainebleau. Elles se situent à des niveaux systématiquement différents.
Les Calcites de Fontainebleau (ou Calcites de Bellecroix)
Ces concrétions blanches ternes, rappelant les « Roses des Sables » des déserts, appelés autrefois Grès Cristallisés ou Grès Pseudomorphiques, découverts sur le canton forestier de Belle-Croix, au Nord de Fontainebleau, sont un autre bel exemple de grésification des sables par cimentation carbonatée.
Calcites de Bellecroix (Rocher Saint-Germain)
Le carbonate de chaux infiltré dans le sable par les eaux de surface crée en période sèche des cristallisations de calcite de petites tailles (max : 15 cm) qui, par la suite, redissoutes par l’eau pluviale chargée d’acide carbonique, ne laisse subsister que leur moule décalcifié. Ces moules se remplissent de sable, se transforment en grès en gardant leur structure rhomboédrique.
Grotte aux Cristaux
Au XVIIIe siècle, les Grès de Fontainebleau étaient exploités pour y tailler les pavés, notamment ceux des rues de la capitale Paris.
En 1774, un carrier nommé Laroche trouva des cristaux singuliers sous une voute, au lieu-dit « Rocher Saint-Germain » près du carrefour de Belle-Croix (la plus vieille croix historique recensée dans la forêt, 1er édification en 1304).
Cette trouvaille eut un énorme retentissement, de son château royal, Louis XVI se déplaça spécialement sur place pour voir ces merveilles et en reçut une superbe collection.
Sous le 1er Empire, les cristaux étaient si abondants que la plupart étaient extraits et jetés. En septembre 1850, l’ouvrier Benoît retrouva la grotte enfouie sous les décombres. Le géologue Léonce Élie de Beaumont (professeur au collège de France) alerté, vint l’examiner et publia un rapport à l’Académie des Sciences. Malheureusement, l’incompréhension et le vandalisme conduisirent à la destruction partielle de la grotte qui fut comblée et dissimulée par l’administration forestière. Le site tomba à nouveau dans l’oubli.
Ce n’est qu’après de longues recherches, en 1891 (La Belle Époque), que « le deuxième Sylvain de la forêt de Fontainebleau », Charles Colinet, la redécouvrit et la dégagea. Il baptisa cette curiosité naturelle « Grotte aux Cristaux » et la protégea contre la convoitise des marchands de curiosité en l’isolant par une grille de fer.
En 1900, depuis la création d’un réseau de sentiers pédestres par Claude-François Denecourt (1842), son développement (1875) et l’avènement du chemin de fer de Paris à Fontainebleau (1848), de nombreux touristes en forêt s’empressent de venir entrevoir la grotte spectaculaire. Sur son site, une grande guinguette destinée à accueillir les visiteurs y est même établie.
Extrait des Guides illustrés du Touring Club de France (v.1920)
Ces assemblages de cristaux, à morphologie externe rhomboédrique, à lames rayonnées, à plans nets, à angles vifs (angles de 70° ET 110°), ont depuis longtemps attiré les curieux et les naturalistes minéralogistes. C‘est à un minéralogiste français l‘abbé René Just Haüy (1743-1822) que revient la paternité de la Cristallographie. Cette science se consacre à l’étude des substances cristallines à l’échelle atomique ou moléculaire. Sous cette voute (aujourd’hui dégradée), les morphologies automorphes des calcites, engrenées, correspondent à la masse gréseuse à ciment calcaire supérieure dissimulée sous les ravelins (déblais de carrières), concrétionnée au dessus des grès siliceux blancs.
Fiche signalétique : Calcite vient du latin » calx, calsi » signifiant caillou
Au Sud de la forêt de Fontainebleau, un autre type de nodule gréseux à ciment calcaire, s’exprime également par des morphologies de rhomboèdres de calcite et une structure interne concentrique et rayonnante.
Calcite de Fontainebleau (L=4cm)Cristallisations en tétraèdre
Ces cristaux de Grès sont aussi, soit plaquées sur les dalles de grès siliceux, soit isolées dans les nappes de Sables (spécimens photos de ma collection).
Calcites de Fontainebleau (L=10cm) structure concentrique et rayonnante à droite
Alors que le sable du Stampien prisonnier de la calcite est âgé de 35 millions d’années (Tertiaire), la calcite a précipité il y a seulement 27 milles ans, sous l’effet de l’abaissement des températures, au cours de l’enfoncement des cours d’eaux au Quaternaire (période géologique la plus récente : 100 000 ans à aujourd’hui).
Sphéroïdes de Calcite sableuse (L=4cm)
Lorsque les grès siliceux sont à peine cimentés, ils forment des petites boules sableuses, lisses ou ornées de cristallisations, quelquefois réunies, appelées des Cales ou Ecales.
Assemblage de Calcites sableuses (L=13cm)deux boules sableuses lisses et une plus petite ornée de cristallisations
La silicification parfois spectaculaire des dépôts stampiens est un phénomène complexe. S’il a suscité une abondante littérature (nombreuses théories), certaines interprétations sont encore aujourd’hui inconciliables. Les Gogottes de Fontainebleau
Gogotte de Fontainebleau (L=40cm)
Parfois, ces petites masses de grès en formation (lentilles de grès) sont plus importantes constituant des rognons de tailles allant jusqu’à plusieurs mètres, plus ou moins lenticulaires et insolites (voire esthétiques), appelés des Gogottes.
Leur morphologie ondulée indique une croissance par accrétion de bourrelets plus ou moins concentriques (cimentation siliceuse à morphologie botryoïdale).
Bonus de la 2eme partie
-A découvrir 500m A l’ouest du massif classique de l’ Eléphant un autre petit spot « Mont Blanc Bouddha » des bois de la commanderie.
Topo non exhaustif en image.
réference : Topo escalade triathlon de Larchant 2008 « bleaumeconnu »
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3eme Partie
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Singulier marchand de Sable
Le Stampien de nos Jours
En dehors du grès, l’activité extractrice maintient toujours un intérêt économique important.
Sablière (revégétalisée) de Bonnevault
Considérés comme un des meilleurs gisements mondiaux de sables siliceux, avec celui de Mol en Belgique, les Sables de Fontainebleau s’étendent au sud de Paris sur prés de 50 km.
Les différents gisements, qu’ils soient exploités, à ciel ouvert ou en souterrain comme le faisaient les anciens, fournissent des granulats fins et blancs de très grande pureté (97 à 99.9 % de silice) essentiellement utilisés en verrerie, en fonderie, dans l’industrie du béton et pour la filière hippique et sportive.
Sablière (en exploitation) de Bourron
Attention DANGER : Pour accéder aux couches de sables, les grès supérieurs sont réduits en morceaux à l’explosif.
Les Bois de la Justice – Recloses
Tirs de Mines
Tirs de Mines
Tous les matériaux de surface, la végétation, la terre, le calcaire ainsi que les grès pulvérisés sont déblayés.
Sablière (en exploitation) de Bourron
Les grains de sable siliceux sont extraits, triés et séparés. Les sablons les moins purs subissent différents traitements pour réduire les impuretés et obtenir la granulométrie adaptée aux différentes utilisations. Ces granules constituent la 3e substance naturelle consommée dans le monde par l’Homme après l’air et l’eau.
Sable ou neige ?
Saponaire Officinale (herbe à savon) sur fond de rides éoliennes
Les fronts d’exploitation actuels peuvent représenter une hauteur d’extraction de 30 à 40m (DANGER : Risque de chutes) pour une épaisseur moyenne exploitable de sables de 20m.
Amusant tas de sable
L’écoulement des eaux dans le haut de la nappe phréatique entraine une oxydation et un lessivage des sables noirs riches en matière organique et sulfure de fer (pyrite).
Mont Blanc – Larchant
L’altération des grès par lessivage (eaux de pluie) laisse en place des sablons blancs étincelants, fins et légers, uniquement formés de quartz (97 à 99.9% de Silice).
Dans la partie supérieure de la formation, les sables blancs contiennent fréquemment une ou plusieurs dalles de grès superposées (Grès terminaux). Ici, la dalle affleurante, particulièrement poreuse, est trouée.
La couleur blanche si typique des Sables de Fontainebleau ne s’observe que dans les zones d’affleurement de la formation.
La couleur des sables et la formation des grès sont en fait liées aux fluctuations de la zone de
battement de la nappe phréatique (variations du niveau des eaux).
Quelques exemples photos à suivre ….
Après l’air et l’eau, le sable constitue la 3e substance naturelle consommée dans le monde par l’Homme.
Béton, puces électroniques, papier, plastique, peintures, cosmétiques, le sable est une matière première présente partout, utilisée en quantité croissante par l’industrie.
Après avoir longtemps exploité les rivières et les carrières, (celui des déserts, étant impropre à la construction, trop ronds trop fins, ne s’agrégeant pas)
les groupes du bâtiment et des travaux publics se sont tournés vers la mer, provoquant ce qui semble être en train de devenir une véritable bombe écologique à retardement.
En effet, le sable joue un rôle essentiel dans la protection des côtes et dans l’équilibre des écosystèmes marins. Et peu à peu malheureusement, les conséquences de cette surexploitation apparaissent au grand jour ….
Bonus de la 3eme partie
-une vidéo « Orange Mécanique » front de taille remarquablement coloré « Hight Ball »
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