MAROC : Taghia - Babel - TOPO - Récit

9 Nov

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Categories: Maroc, Récits

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En septembre 2007, Titi Gentet, Nicolas Kalisz, Stéphanie Bodet et Arnaud Petit ouvrent BABEL à Taghia au Maroc. Retrouvez leur histoire et le topo complet sur le site : Vagabonds de la verticale.

En avril 2008, Arnaud Ceintre et Nicolas Renard se sont offert ce big wall de 800m.

Récit d’une aventure intérieure dans BABEL

BabelSix mois plus tôt, l’objectif était simplement d’aller à Taghia ; Babel est venu ensuite, mais cette voie allait devenir le Graal à conquérir.  Proposer à Nico de m’accompagner dans cette ascension s’imposait comme une évidence, après avoir grimpé avec lui à Ordessa l’été précédent.

Tout au long de la voie, je vais grimper en leader fixe tandis que Nicolas, en second grimpera et s’occupera aussi du hissage.

« Ce qui est le role le plus ingra, mais trés important, car sans ça la cordée n’aurai pas pu fonctionner.

Un grand merci donc à Nico qui a permis la réussite de cette entreprise ».

A l’approche du séjour, l’organisation matérielle, jusqu’au plus petit détail, fut réfléchie longuement ; ma préparation aussi allait être murement réfléchie. Je voulais avoir la meilleure forme possible ; pour cela, j’ai fait 6 semaines de volume, dans un niveau qui tournait autour de 8a/8b.

Il faut deux jours de voyage pour arriver à Taghia et au pied de ce fameux Tagoujimt n’tsouïant « la queue du vautour », mur de 800m de haut ; nous arrivons gonflé a bloc, impatients de se mesurer à cette voie.
Dès le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil on part pour équiper les trois premières longueurs en statique. Avec Nico, nous sommes détendus, la journée est belle et nous avons le temps ; on trouve facilement le nom de la voie écrit en gros sur le rocher :

« BABEL »

Le temps de s’équiper et nous voilà embarqués dans la première longueur. Après quelques points faciles à atteindre, c’est le moment de vérité : j’arrive dans une traversée et là je lève la tète : j’aperçois le point 5 m au dessus, puis le relais encore 8 m plus haut ; entre : rien! Je n’ai pas d’autre choix que d’avancer, avancer, et avancer encore, et plus j’avance, plus le bas de mon corps se dérobe, je ne sens plus mes jambes… j’arrive finalement au relais dans un état d’ hypertension hallucinant, tiraillé par l’envie de faire demi tour illico. Je retrouve finalement mon calme et je suis prêt à continuer. Mais dans Babel, chaque longueur est dure. Pour L2, il fallait que ça ce passe mieux, même si je savais que ce serait encore éprouvant nerveusement. Alors j’ai pris le parti de me concentrer sur ma respiration, chercher le plus de calme en moi. Finalement la longueur s’est déroulée comme prévue et je suis arrivé en haut un peu entamé physiquement mais plus serein. Nous avons fait la troisième longueur dans la foulée et sommes redescendus en installant les trois longueurs de statique.

4 h, lever. La nuit fut très courte, l’envie d’en découdre était très forte. Petit déjeuner, puis marche d’approche facilitée par le chemin de cairn que nous avons fait la veille.

Nous voilà enfin devant cette paroi, prêts à la conquérir. Au fond de notre canyon, le jour s’est levé. Nous attaquons la remontée sur jumars des trois longueurs en statique. Nous avons vite chaud, et les premières difficultés ne vont pas tarder avec le hissage du sac. Nous atteignons tant bien que mal le 4ème relais à 9h, avec une petite heure de retard sur notre horaire prévu.

Déjà un peu fatigués, nous allons enfin pouvoir attaquer notre journée d’escalade, avec un 7b+ de 50m.

Dès l’attaque je ressens les premières contractures musculaires au niveau des avant bras, mais je suis calme, mon escalade s’adapte au rocher et je grimpe comme un musicien qui, imperturbable, suis sa partition. L5, L6, puis L7, dans L8 je tire sur une dégaine dans un pas un peu morpho sur petite prises, L9…. finalement je m’habitue à l’ éloignement des points et à la longueur…..des longueurs.
Le temps passe vite et les longueurs s’enchaînent doucement. Nicolas fait son boulot, qui s’avère très fatiguant en plus de l’escalade .
Vers 16h, nous sommes à R9, cela fait maintenant plus de 10h que nous bataillons dans la voie. Nous commençons a réaliser que nous n’atteindrons pas ce soir la grosse vire de R14 et que nous allons donc devoir bivouaquer à R10. Je suis rincé et je dois me reposer à chaque point pour arriver au relais. Mais là, surprise… pas de bivouac, seulement une espèce de petite niche (pour une seule personne!) où l’on peut à peine se recroqueviller…
Pas le choix, il faut continuer. Heureusement petite longueur de 30m et là, miracle! j’arrive sur une vire, large d’environ une largeur d’épaule, et assez longue pour 2 personnes. Nous nous rendrons compte par la suite de notre erreur, due à la fatigue : le bivouac était bien anoncé à R11!
Je ressens après coup une petite déception pour n’avoir pas enchaîné L10 qui s’avérait magnifique, mais j’étais vraiment cuit à ce moment là.

Taghia - BabelNous nous installons confortablement et en profitons pour prendre les seules photos de notre ascension.

On est crevé et après un Bolino réchauffé avec un réchaud russe d’un demi siècle emprunté la veille et qui faisait des siennes car il n’appréciait pas le pétrole marocain, nous nous endormons profondément.

5H30 le jour se lève mais rien ne presse ; nous attendons le soleil qui ne va pas tarder car cette face NE prend le soleil très tôt le matin, comme nous l’avons observé hier.
7H30 nous sommes près pour repartir, il fait soleil, la falaise est belle et nous avons bien dormi, même si la journée de la veille se fait encore sentir.

L12 je dois retrouver ma concentration et faire de nouveau le vide en moi pour affronter cette première longueur, qui promet d’être difficile de bon matin ; elle ne mentira pas et je dois être hyper vigilant pour me hisser en haut des 55 m de cette magnifique longueur très engagée.
Ce deuxième jour nous progressons plus vite. Pour Nicolas le hissage du sac, allégé de quelques litres d’eau et de nourriture, est un peu plus facile.

Taghia - Babel

Nous arrivons vers 10h à R14. Nous constatons au passage que la vire est un véritable palace à coté de notre bivouac. Mais nous nous réjouissons malgré tout du choix de la veille car il eut été dommage de bâcler L12, L13 qui sont deux magnifiques longueurs très exigeantes.

Après la longueur de « la bougie » très belle et homogène, l’escalade devient plus facile, le rocher mieux pourvu en prises, plus adhérent ; au fil des longueurs la paroi se couche légèrement mais attention au 7a du bastion final !

Nous sortons finalement vers 16h30, et sommes de retour au gîte de Houssef vers 19h30, après être redescendus à pieds.

Merci à toute l’équipe d’ouvreurs pour cette ligne majeure.

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