Didier BETEMPS

Je ne ferai pas un inventaire exhaustif des croix et super-croix ( j’en avais même planté une dans mon jardin jusqu’à ce que la gendarmerie vienne me voir pour savoir qui était enterré dans mon sous-sol!!!),

cela me paraît bien dérisoire, surtout que je ne note rien alors avec le temps, j’en oublie quelques unes…;;

Non, par contre , avec 35 ans d’escalade, je me demande parfois qu’est ce qui me fait bourriner encore autant.

Quand je rentre le soir après une grosse séance , que je sais que la nuit va être mauvaise car les épaules vont me tirer, quand j’ai tiré sur les croutes haut-savoyardes et que le lendemain je n’arrive même plus à plier les mains, quand je me retrouve 10 mètres au-dessus d’un vieux clou dans de la pétasse, que je me rappelle plus du nom du curé de Chamonix qui en a vu passer des copains allongés et fleuris. Non, aucune raison majeure n’impose une telle sauvagerie toujours aussi ardente

Et bien si, je le sais maintenant, c’est tous ces potes que je côtoie qui remplissent mon carnet d’adresse , toutes ces rigolades au pied des falaises, toutes ces beuveries pour fêter une belle croix, jusqu’à se faire virer du bistrot tellement on hurlait comme des fauves, bref j’en ai oublié des virées mais je ne renierai pas les copains d’escalade et les bons moments qui vont avec!

Un jour viendra où je ferai le bilan de tout ça, mais pas tout de suite car ,putain ,demain il me reste encore cette salope à enchainer , elle résiste mais je l’aurai la garce, laisse-toi conquérir pour que j’entende encore le doux bruit du clipage de la chaine, je l’aurai c’est sûr , c’est elle ou moi!

• Récit « les raisons de l’enchainement »